Dalida - Dans tes bras -Sundance-Livre 1-Genèse (vol.2) - extrait en description

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Elle ouvrit la porte. Quand ils la virent, cheveux détachés, sourire étincelant, nus pieds dans cette longue robe noire, tous eurent le même pressentiment. Ce soleil assombri qui l’habitait était un astre puissant.
« Entrez, vous êtes les premiers. Je suis Yolanda ».
Elle eut une poignée de mains chaleureuse, et s’excusa de passer la première afin de les précéder jusqu’au salon.
Un feu brûlait dans la cheminée au fond d’une pièce peu éclairée parfumée d’encens. Ça sentait bon la liberté.
Quelques livres traînaient parmi lesquels Suzanna reconnut un livre de psaumes en hébreu. Se penchant, elle s’en saisit discrètement et l’ouvrit au hasard.
« J’avais mis en l’Eternel mon espérance. Et il s’est incliné vers moi. Et il a écouté mes cris », lut-elle à voix haute.
Dalida s’approcha sur la pointe des pieds.
« Il m’a retiré de la fosse de destruction. Du fond de la boue. Et il a dressé mes pieds sur le roc, et il a affermi mes pas ».
Suzanna leva les yeux vers le feu qui crépitait et retint une larme. Elle sentit une main se poser sur son épaule.
« Cela vous parle comme à moi ?, murmura Yolanda.
« Je veux faire ta volonté. Et ta loi est au fond de mon cœur », murmura-t-elle en rapprochant de ses yeux le petit livre.
Elle fit un pas en arrière et lentement fléchit sur ses genoux.
« Oui ».
Yolanda s’accroupit en maintenant posée sa main sur son épaule.
« Enlevez vos chaussures, ici il fait chaud », dit-elle.
Suzanna se retourna et surprit un éclat dans l’œil de la star. Elle leva un doigt et l’approcha.
« Cela peut … ».
Une larme perla.
« Puis-je ?, demanda-t-elle, ôtant ses chaussures de la main gauche.
« Elle ne coulera pas maintenant », lui murmura Yolanda, en regardant fixement l’âtre.
Derrière elles, les trois autres s’assirent à même la moquette couleur crème, à distance respectueuse.
« Vous êtes Suzanna. Et vous Laure, Pierre et Charles. Je vous ai vus, l’an dernier, à Ibiza, vous vous souvenez ?
-Comment vous oublier ? murmura Suzanna.
-J’étais si …
-Désespérée.
-Je le suis encore. Mais moins. Je sens qu’au dehors ...
-Quelque chose a changé.
-Cela donne un répit. Ça ne dure pas. Mais j’essaie. Je veux dire, j’en profite.
-Comme cette maison est belle !
-J’ai le plus beau tombeau qui soit.
-Je vous trouve bouleversante », articula Suzanna.
Dalida lui attrapa à son tour les mains.
« Vous êtes belle et jeune, lui dit-elle.
-Et vous, si …
-Quarante-cinq ans.
-Vous n’avez pas d’âge.
-Pourtant je porte mes ans.
-Chaque jour ?
-Chaque jour et chaque soir.
-Même ce soir ? », lui sourit-elle du fond du cœur.
Charles, Pierre et Laure, sans faire de bruit, s’approchèrent.
« Je ne sais pas…
-Le temps qui passe vous pèse ?
-Oui.
-Alors suspendons-le ».
Laure fit un pas, et se saisissant d’un disque, elle le posa sur la chaine puis posa le microsillon.
« C’est quoi ?, demanda Yolanda.
-Le temps suspendu », lui répondit Laure.
Elle vint s’asseoir à ses côtés, délicatement.
Le disque tournait sans avancer. Laure fit un signe, les deux frères s’approchèrent puis ils s’asseyèrent derrière elles face au feu qui crépitait.
« Maintenant ? demanda Suzanna, penchée vers sa sœur.
-Maintenant », répondit-elle en clignant des yeux.
Et le microsillon se posa. Puis la voix de Dalida s’éleva.
Encore, encore, encore,
Encore, un jour qui n'en finit pas
Mais un jour plein de soleil
Loin de toi s'éternise
Mais la nuit
Dans tes bras
Je m'endors dans tes bras
Et la tendresse et toi
Ne font plus qu'un pour moi
Dans tes bras
Je m'endors dans tes bras
Et quand le jour est là
Mon amour près de toi
Je m'éveille
Et déjà,
Voici l'heure ou tu t'en vas
Je vais encore passer tout un jour
A t'attendre
Mais la nuit
Dans tes bras
Je m'endors dans tes bras
Jusqu'au jour qui viendra
Me séparer de toi
Loin de toi
Chaque instant loin de toi
J'attends ce moment-là
Je l'attends chaque fois
Loin de toi
Chaque instant loin de toi
J'attends ce moment-là
Je l'attends chaque fois
D’être enfin dans tes bras.

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