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La CEDEAO invitée à intégrer l’AES, et non l'inverse ! (Zoom Afrique)
Les titres de la rédaction :
Le Nigeria désigné hôte d'une conférence Edtech en Afrique
Algérie : un investissement de 420 millions $ attendu dans la filière céréale
Sénégal : renforcement des services de transport par bus dans Dakar
Tanzanie : bientôt d’autres locomotives pour le réseau SGR
Les analyses de la rédaction :
1. L’AES comme une nouvelle plateforme pour l’intégration régionale du Sénégal
Le 1er juin 2024, à Dakar s’est tenue une conférence sur les perspectives de l’Alliance des États du Sahel (AES), formée en septembre 2023 à partir du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ainsi que sur la coopération du Sénégal avec cette alliance dans le cadre du développement régional.
Ayant pour thème « L’Alliance des États du Sahel, une nouvelle plateforme pour l’intégration régionale du Sénégal », cet événement a réuni des personnalités marquantes de la société civile sénégalaise, à savoir les membres de la Ligue de défense panafricaine UMOJA, du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP), de la Commission nationale des Acteurs de la Société Civile pour le suivi des Politiques Publiques, du Réseau Africain des Femmes Scientifiques et Ingénieures. La session a également connu la participation du Secrétaire général adjoint des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), invité d’honneur.
Pour Ousmane Konaté, la conférence se déroule dans un contexte où, avec un soutien populaire écrasant, un président panafricaniste est récemment arrivé au pouvoir au Sénégal, faisant de la souveraineté du pays une priorité de son programme. Cela arrive également à un moment où les pays de la région du Sahel comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso rompent leurs relations avec l’Occident colonial et mettent également l’accent sur la souveraineté nationale et économique non seulement en paroles mais aussi en actions concrètes. Sachant que la vision du Président Bassirou Diomaye Faye coïncide à bien des égards avec celle des pays de l’AES, le peuple sénégalais attend également du nouveau président des actions concrètes et une plus grande coopération avec ces trois pays du Sahel.
Ces pays ont la volonté de quitter le Franc CFA et de se libérer des bases militaires étrangères.
Au cours de la conférence, les participants ont discuté de sujets aussi importants que la situation actuelle dans les domaines de l’économie et de la sécurité ; l’efficacité des institutions africaines modernes, telles que la CEDEAO, dans le contexte actuel de l’agenda de la région ; les avantages de l’AES, les inconvénients et perspectives ; le rôle des acteurs politiques et économiques extérieurs au Sénégal ; si l’AES est un bloc puissant ; l’AES est un bouclier contre le terrorisme pour les pays limitrophes. Pour l’un des intervenants Mac Mic, membre de « Tekki Groupe », l’AES est absolument une nouvelle plateforme sécuritaire régionale pour l’intégration du Sénégal. Ce représentant de la société a fait remarquer que « le fait que le Ministère des Affaires Étrangères des pays de l’AES soit changé en Ministère de l’intégration africaine et des Affaires étrangères est un bon signal pour le Sénégal d’intégration à ce bloc ». Tout en rappelant que l’un des projets du Président Faye était le changement de monnaie, il a déclaré : « Ces pays ont la volonté de quitter le Franc CFA et de se libérer des bases militaires étrangères, et le Sénégal aussi fait de même, surtout concernant la renégociation des contrats d’hydrocarbures. Toutes ces velléités sont partagées avec les pays de l’AES ».
Évoquant la question de la souveraineté du pays, Mac Mic a noté que l’économie du Sénégal aujourd’hui est détenue par des entreprises étrangères, et a ajouté que « nous n’avons pas le contrôle sur nos institutions financières, ni sur notre monnaie ». Il a conclu en affirmant que le Sénégal ne pourrait pas suivre le chemin de souveraineté sans l’AES. Il convient également de prêter attention à la déclaration du Secrétaire général adjoint du PASTEF, qui a mis l’accent sur l’unité africaine. « Tous les pays d’Afrique doivent savoir qu’aucun pays ne doit faire la marche seule », a martelé Birame Khoudia Lo.
À l’issue de la conférence, les intervenants ont rédigé un communiqué comprenant les conclusions sur la non-prolifération du terrorisme, l’augmentation du taux de croissance économique dans la région et l’alliance politique. La conclusion la plus importante tirée de la conférence est que l’Alliance des États du Sahel doit être considérée à long terme comme un bloc politique fort, indépendant de son passé colonial. Un bloc d’avenir de l’Afrique, dans lequel le Sénégal prendra sa place comme pilier économique et l’un des pays leaders.
2. Niger : Orano mis à la porte ?
Virée du Niger, la France suit avec impuissance les pourparlers entre la Russie et Niamey pour l‘exploitation de l’uranium du pays.
En effet, Rosatom, une société nucléaire russe, serait entrée en contact avec les autorités militaires du Niger au sujet de l’acquisition des actifs détenus par la société française Orano SA, a révélé Bloomberg ce lundi citant une source anonyme.
“On ne sait pas exactement combien d’actifs Rosatom cherche à obtenir au Niger et notre source à Moscou a déclaré que les discussions en étaient à un stade précoce et n’avaient pas atteint le stade des négociations, les conditions d’un éventuel transfert n’ayant pas encore été définies”, précise le média.
Détenu à 79,99% par l’État français, Orano (ex-Areva) opère dans l’exploitation d’uranium au Niger depuis 1971. La compagnie détient des participations majoritaires dans les sociétés d’exploitation de Somair, une mine à ciel ouvert, de Cominak, une mine souterraine aujourd’hui fermée, et du projet Imouraren. Ce dernier actif est considéré comme l’un des plus grands gisements d’uranium au monde avec des réserves estimées à 200 000 tonnes.
Les travaux pour la mise en production du site ont été suspendus et le site a été mis « sous cocon » en 2015, après l’accident de Fukushima, dans l’attente de conditions de marché plus favorables. En mai 2023, Orano avait repoussé à 2028 sa prise de décision pour l’exploitation de cet important actif.
Contacté par Bloomberg, Orano a indiqué qu’il n’avait pas connaissance de la discussion entre le Niger et des entités russes au sujet de ses actifs. Au lendemain du coup d’État militaire perpétré le 26 juillet 2023 et alors que les tensions entre Paris et Niamey ne cessaient de s’enliser, la société avait annoncé une fermeture temporaire avant d’indiquer plus tard qu’elle poursuivrait ses activités dans le pays.
Le Niger représentait environ 4 % de la production mondiale des mines d’uranium en 2022 et fournit environ 25% du minerai exporté au sein de l’Union Européenne dont la France, selon l’agence nucléaire de l’UE, Euratom.
Il faut dire que la France avance sereinement ses pions sur le continent dans un contexte marqué par la dégradation de ses relations avec certaines de ses anciennes colonies dont le Niger.
En octobre 2023, la société Rosatom signait un accord avec le Burkina Faso pour construire une centrale nucléaire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où moins d’un quart de la population a accès à l’électricité.
3. La CEDEAO invitée à intégrer l’AES, et non l'inverse !
Le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a appelé, ce dimanche 2 juin, à Bamako la CEDEAO à rejoindre l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Selon lui, « le point de rupture a été atteint » entre l’organisation ouest-africaine et l’AES.
À Bamako, le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop a commenté, à la demande de la presse, l’affirmation du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye selon laquelle « la position malienne quoi que rigide n’est pas totalement inflexible ». Cette déclaration en lien avec le retrait des trois pays de la CEDEAO avait été faite, le 30 mai dernier, à Koulouba par le nouveau Chef d’État sénégalais à l’issue de son entretien en tête-à-tête avec le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition.
« Notre communiqué conjoint a été très clair, nous avons dit que nous nous retirons sans délai et que ce retrait est irréversible. Vous savez, souvent certains n’aiment pas écouter ou ne croient pas à ce qu’on leur dit », a répliqué Abdoulaye Diop, lors d’un panel sur « AES : quel avenir pour ses Etats membres », qu’il a animé dans le cadre de la troisième édition du Salon des Médias du Mali (SAM).
Selon le ministre Diop, il faut que la CEDEAO et les autres de l’extérieur « s’asseyent et comprennent réellement qu’on a atteint un point de rupture par rapport à cette question ». Il estime que le Burkina Faso, le Mali et la Guinée ont été « les premiers demandeurs du dialogue », reprochant à la CEDEAO de n’avoir été à leur écoute.
« On n’a jamais tourné le dos. On était demandeur du dialogue qu’ils amènent aujourd’hui. N’est-ce pas un peu tard ? Parce qu’on aurait pu éviter d’arriver à ce point de rupture », s’interroge-t-il. Cela, en soulignant la nécessité de reconnaître qu’il y a eu des erreurs.
« Je pense comme d’autres aussi, c’est nous qui invitons les autres à nous rejoindre. Autant ils nous invitent à les rejoindre, autant nous aussi nous les invitons à nous rejoindre. Bon, voyons qui ira plus vite en rejoignant l’autre ? », a, par ailleurs, lancé Abdoulaye Diop. Un appel qui tombe quatre jours après celui du Premier ministre nigérien, Ali Mahaman Lamine Zeine qui a également demandé, le 29 mai dernier, à la CEDEAO de rejoindre l’AES.
« Nous ne prenons pas nos instructions à Paris, à Londres ou ailleurs. L’AES est plus développée sur le terrain que sur le papier. Les contours de cette confédération sont définis au moment où je vous parle », a également déclaré le ministre malien des Affaires étrangères, cité par des médias locaux.
Par contre c’était le cas avec la CEDEAO et l’UEMOA, a souligné Abdoulaye Diop.
« Nos pays ont été sanctionnés parce que la télécommande était à Paris, ou ailleurs. Je pense qu’on ne peut pas être dans des organisations qu’on ne contrôle pas », a-t-il expliqué lors de ce panel.
Dans son intervention, le ministre a souligné que les organisations régionales devaient être le reflet des besoins des pays membres.
« On ne peut pas abandonner une partie de sa souveraineté à une organisation et que cette partie de la souveraineté soit utilisée comme une arme contre nous », a-t-il tranché.
Selon le ministre Diop, la confédération de l’AES est une étape pour aller vers la fédération, en ajoutant que les contours de ladite confédération sont définis au moment où il parle. À Niamey, il avait avec ses homologues du Burkina Faso et du Niger validé, en mi-mai dernier, le traité de la confédération et le règlement intérieur du collège des Chefs d’État. Lesquels documents attendent, précise-t-il, d’être « appréciés et validés » par les trois chefs d’État qui doivent tenir un sommet dont la date reste inconnue.
Le ministre Diop a aussi évoqué la relation entre le Mali et la Guinée, qui était avant la crise nigérienne un axe très dynamique. « Je vous assure qu’Il n’y a pas de problème entre la Guinée et le Mali. Il n’y a pas de problème entre les présidents Assimi Goïta et Mamadi Doumbouya qui communiquent régulièrement », a-t-il affirmé.
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