Sonoma

2 years ago

En Espagne médiévale, huit femmes se libèrent du carcan social et du poids des traditions. Une révolte féministe orchestrée par le chorégraphe Marcos Morau dans un ballet choc qui a électrisé Avignon en 2021.

Dans un pensionnat, ou peut-être un couvent, huit femmes en costume traditionnel de l'Aragon médiéval se prosternent autour d'une croix couchée au sol. Puis, portées par le son martelant de tambours qui évoquent la mort de Dieu dans la tradition espagnole des festivités de la semaine sainte, les femmes semblent peu à peu se délier de leurs attaches, de leur condition, et s'émanciper dans une sarabande fiévreuse. "La plupart des traditions, coutumes et légendes sont reliées en Espagne au christianisme, explique le chorégraphe espagnol Marcos Morau. Dans cette pièce, c'est un mélange entre le catholicisme et le paganisme qui s'exprime, en une sorte de catharsis collective."

Cri primitif
Dans la cour d'honneur du palais des Papes à Avignon, le leader de la compagnie La Veronal livre un ballet exclusivement féminin d'une force peu commune, véritable choc visuel et sonore. Entre danse traditionnelle dynamitée et gestuelle fulgurante évoquant le non-humain, Marcos Morau déploie son style si particulier au sein d'un univers surréaliste inspiré de Buñuel, où scènes fantastiques et oniriques jouent avec le néologisme du titre de son spectacle – l'hybride "Sonoma"" "combine la racine grecque "soma, "le corps, et le latin "sonus", le son. Composé en grande partie pendant la pandémie, le spectacle résonne comme un cri primitif du corps, qui invoque le passé pour exorciser la frénésie du présent. La scénographie grandiose s'inscrit à merveille dans l'espace mythique du palais des Papes, écrin accueillant pour la première fois Marcos Morau et le souffle puissant de sa révolte.

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