Les ombres du Bataclan

2 years ago
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À la veille du procès des attentats du 13 novembre 2015, ce documentaire fouillé, coécrit avec le président de la commission d’enquête parlementaire Georges Fenech, revient sur les dysfonctionnements qui ont jalonné une nuit tragique.
Comment, au cœur de Paris, un tel massacre (131 morts au total) a-t-il pu se produire aussi facilement ? En lien avec son président Georges Fenech, alors député LR, le réalisateur Francis Gillery s’est penché sur les travaux méconnus de la commission d’enquête parlementaire qui a épluché en 2016 le dossier des attentats du 13 novembre 2015 et pointé des failles. À l’aube du procès fleuve qui s’ouvrira le 8 septembre, ce documentaire rappelle les faits, les ramifications des réseaux terroristes de l’époque, les initiatives individuelles qui ont permis de sauver des vies, comme la courageuse interposition des vigiles du Stade de France. Il enquête sur les zones d’ombre qui ont apparu une fois la sidération passée. Comment des attaques d’une telle ampleur n’ont-elles pu être évitées alors que le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, l’ex-juge antiterroriste Marc Trévidic et les services de renseignements les redoutaient ? Pourquoi les forces de police ont-elles mis autant de temps à intervenir au Bataclan ?
Manque de coopération
Ce documentaire donne la parole à un nombre impressionnant de protagonistes du drame, notamment, outre les personnalités citées précédemment, des membres des services de renseignements et du GIGN, des experts internationaux, une journaliste d’investigation, l’avocate de victimes Samia Maktouf, le rapporteur de la commission d’enquête Sébastien Pietrasanta (PS) ou encore Georges Dallemagne, vice-président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats belges de 2016. Il ressort de leurs témoignages et du recoupement des faits l’échec patent de la coopération des services de renseignements européens, les ravages causés par les guerres de chapelles au sein des forces régaliennes et un protocole d’intervention inadapté aux nouvelles formes de terrorisme. Habituée aux prises d’otages et à la négociation, la France n’était, entre autres, pas préparée à ces attaques disséminées, semant le trouble chez ses policiers et convergeant vers un assaut final. Éclairant pour saisir le contexte fragilisé qui a conduit à ce drame, ce film s’avère aussi inquiétant car toutes les leçons ne semblent pas avoir été tirées, les pays européens ne présentant toujours pas de front uni face au terrorisme.

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