Documentaire sur le Congo Belge (1954)

3 years ago
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Oui, ce film a une histoire…

Ayant séjourné au Congo de 1948 à 1951 au service d’une société coloniale, Robert Bodson, son auteur, décide d’aller étudier le marketing à l’université de New York. Il est choqué par l’opinion des Américains et des étudiants étrangers qu’il fréquente sur la politique coloniale belge. A la fin de ses études (en 1952), il décide d’entreprendre une tournée de conférences aux Etats-Unis pour la faire mieux connaître.

Il est mis en rapport avec M. Pierre Ryckmans, ancien gouverneur général du Congo, qui est à cette époque ambassadeur de Belgique à l’ONU. Celui-ci lui prodigue ses conseils et un appui officieux, tout en lui conseillant de trouver des aides financières pour entreprendre sa tournée.

Périple de 28.000 km au cours duquel seront données 33 conférences, (universités, rotary, high schools, chambres de commerce etc.) et 7 interviews à la radio et à la télévision. Il ramène de sa tournée un rapport au gouvernement belge sur les questions que se posent les Américains à propos du Congo.

Ce rapport donne lieu à la constitution d’une commission qui va se pencher sur le problème de l’information au sujet du Congo. Bientôt, cette commission va inviter Robert Bodson à faire une tournée de conférences au Congo (fin ’53, début ’54) pour y rencontrer les gouverneurs de province et le public le plus large afin de les informer de l’opinion que l’on a de la politique coloniale belge à l’étranger.

Cinéaste amateur, Robert Bodson, de sa propre initiative, décide alors de réaliser un film. Il emprunte de l’argent à un ami pour acheter une camera 16 mm. et les pellicules nécessaires. Ses prises de vue devront contribuer à donner une réponse aux questions posées et à faire connaître le Congo réel.

La tournée de conférences est un succès. Rentré au pays, R. Bodson propose son film au Centre d’information du Congo, qui s’en désintéresse parce que filmé par un non professionnel.

M. Ryckmans encourage R. Bodson à procéder au montage de son film malgré ce refus. Avec l’aide d’amis cinéastes amateurs, le film est produit sous le titre «Réalités congolaises». Il est présenté à l’occasion du dîner annuel du cercle Mars et Mercure à Bruxelles le 8 septembre 1954 en présence du ministre des Colonies de l’époque, M. Buisseret et de nombreuses autres personnalités.

Quelques semaines plus tard, R. Bodson est invité par le roi Léopold à venir présenter son film au château de Laeken, dans le cadre de la préparation du voyage du roi Baudouin au Congo. Toute la famille royale est présente. Le rapport du voyage est discuté.

Le voyage du roi Baudouin au Congo donne lieu à la production d’un film, réalisé avec de gros moyens mais à sa sortie il ne rencontre guère les faveurs des ambassadeurs de Belgique à l’étranger, qui s’en plaignent au roi Baudouin. Celui-ci leur conseille de contacter R. Bodson pour prendre connaissance du film «Réalités Congolaises». Ce qui fut fait à l’occasion d’une présentation au Cercle Royal Africain.

Contacté peu après par le Centre d’information du Congo, notre cinéaste, voulant faire preuve de son désintéressement, lui revend le film à son prix de revient et sans demander aucun droit d’auteur. Remis entre des mains professionnelles, le film est alors produit en 5 langues : français, néerlandais, allemand, anglais et espagnol . Devenu film de référence, des exemplaires en sont envoyés à l’ONU et dans les postes diplomatiques.

Ce film a donc été produit à l’origine sans subsides et aucun critère n’a été imposé par les autorités dans le montage et le commentaire. Il s’agit ainsi d’un témoignage purement personnel.

En juillet 1996, l’émission «Inédits» de la RTBF consacre 3 émissions à l’entreprise d’information de Robert Bodson .

Début 2005, l’association « Mémoires du Congo » et sa soeur jumelle néerlandophone « Afrikagetuigenissen » découvrent ce film. Impressionnées par ces images, ces associations décident aussitôt d’en faire un DVD plurilingue, appelé à une large diffusion.

A cet effet, il est fait appel à un studio spécialisé en reconditionnement de films anciens, qui réussit à produire trois versions parfaitement régénérées (française, néerlandaise et anglaise) en se servant des meilleures images récupérées des différentes anciennes pellicules retrouvées.

Grâce à cette initiative, ce film, réalisé voici un demi-siècle, connaît une nouvelle jeunesse et redevient un précieux instrument d’information sur l’oeuvre belge en Afrique centrale.

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